Une équipe de rêve
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En 2001, lors de la Coupe du monde de football, l'équipe des Samoa américaines subit une défaite historique : 31 à 0 contre l’Australie. Treize ans plus tard, elle recrute un entraîneur tombé en disgrâce pour regagner son honneur.
Une équipe aux résultats consternants, un entraîneur déchu et colérique, un ultimatum des deux bords, voilà comment commence Une équipe de rêve. À lire le synopsis, il y a une bonne pincée de Rasta Rockett dans l’intrigue. Passons de la Jamaïque aux Samoa américaines et du bobsleigh au football pour aborder ce film plein d’humour, de solidarité et de découverte culturelle.
Inspiré du documentaire éponyme retraçant la défaite historique de l’équipe des Samoa américaine contre l’Australie, Une équipe de rêve prend le parti de la comédie. S’ouvrant sur les paysages tropicaux grandioses de l’archipel, il permet une découverte drôle et fascinante de la culture samoane, entre religion, danse et famille. Entre l’entraîneur endeuillé et colérique et l’équipe samoane dissipée et traditionaliste, c’est le grand écart culturel et humain. À travers cette rencontre, c’est la guérison et l’amitié qui s’offrent au coach et la perspective d'une victoire aux Samoans. L’un et l’autre ont une religion, celle du foot pour Thomas, celle de Dieu pour les Samoans. Il s’agit alors de trouver un langage commun pour communiquer.
Grâce à des scènes aux belles fulgurances humoristiques, Waititi développe également en filigrane une fine critique du colonialisme, présentant un personnage conquérant qui, peu à peu, se déconstruit grâce la confrontation aux habitants de l’île. Comme toujours dans le cinéma de Taika Waititi, tout est affaire de narration. Ce n’est alors pas un hasard que le réalisateur incarne le narrateur de l’histoire, avec son humour toujours aussi loufoque et décalé.
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Taika Waititi, cinéaste fantasque
Né en 1975, Taika Waititi est un réalisateur néo-zélandais, descendant de la tribu maorie Te-Whānau-A-Apanui. Il étudie à l'Université Victoria de Wellington où il développe son talent créatif, notamment en peinture et en photographie. Il entame également une carrière de comédien et d’humoriste puis se tourne vers le scénario et la réalisation. L’enfance, la culture maorie et la famille sont presque toujours au cœur de ses films, le tout avec une bonne dose d’humour décalé. Il jongle d’ailleurs habilement entre blockbusters (Thor) et films indépendants. Il a notamment consacré trois longs-métrages à l’enfance : Boy (2010), À la poursuite de Ricky Baker (2016) et Jojo Rabbit (2019). Une équipe de rêve est son huitième long métrage. Tu peux en apprendre plus sur le film avec ces deux vidéos, ici et ici. Attention, elles sont en anglais mais tu peux activer les sous-titres français sur Youtube.
D’après une histoire vraie…
L'entraîneur Thomas Ronge a bien existé, tout comme la défaite légendaire des Samoa américaines. Originaire des Pays-Bas, ce footballeur commence en tant que défenseur pour le FC Amsterdam mais il passe la plus grande partie de sa carrière aux États-Unis. A partir de 1984, il devient entraîneur et, en 1996, il gagne le prix MLS d’entraîneur de l’année. Et c’est en 2011 qu’il est engagé pour entraîner l’équipe des Samoa américaines. Le 22 novembre 2011, lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2014 et après un entraînement particulièrement intensif, elle remporte sa deuxième victoire (depuis sa création !) contre Tonga. C’est ainsi qu'elle obtient le 173ᶱ rang du classement de la FIFA. Toutes ces péripéties sont d’ailleurs retranscrites dans le documentaire britannique Next Goal Wins (2014). Voici un extrait du célèbre match Australie-Samoa.
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Direction l’Océanie !
Les Samoa américaines sont un archipel de seize îles volcaniques situé en Polynésie, en plein océan Pacifique. Cette partie du territoire appartient aux États-Unis. Les habitants s’appellent les Samoans et parlent la langue samoane. Tu peux en entendre quelques mots dans le film. On découvre également certaines traditions des îles, notamment la place centrale de la danse (comme la danse guerrière du Siva Tau), de la religion chrétienne ou encore de la famille. Ces traditions sont représentées par le Fa’a Samoa qui règle la vie quotidienne. Il est organisé autour de trois éléments : maitai (le chef), aiga (la grande famille) et l’église.
La transidentité aux Samoa
Dans Une équipe de rêve, un personnage se définit comme une femme mais est né dans un corps d’homme. Il s’agit de Jaiyah. C’est une Fa’afafine, un terme samoan qui signifie « à la manière d’une femme ». Cette communauté est reconnue aux Samoa et s’identifie comme appartenant à un troisième genre. Son histoire est vraie et la véritable Jaiyah Saelua a bien fait partie de l’équipe de football des Samoa américaines : elle a été la première joueuse de foot transgenre dans une compétition internationale. Son parcours est d’autant plus inspirant qu’il véhicule un message d’acceptation et de diversité dans le domaine sportif, milieu très masculin, d’où la volonté de Taika Waititi de lui donner une place centrale dans le scénario.
Comme à son habitude, le réalisateur Taika Waititi joue de l’absurde et du décalage. Par ailleurs, certains éléments abordés en filigrane (alcoolisme, deuil), bien qu’évoqués avec finesse, rendent ce film plutôt accessible à partir de 9 ans.
